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OF

COMPARATIVE ZOOLOGY,

AT HARVARD COLLEGE, CAMBRIDGE, MASS,

MÉMOIRES COURONNÉS

EN 1826 ET 1827 ,

PAR L’ACADÉMIE ROYALE

SCIENCES ET BELLES-LETTRES

DE BRUXELLES.

MÉMOIRES COURONNÉS

i:.\ 1826 et 1827,

PAR L’ACADÉMIE ROYALE

SCIENCES ET BELLES-LETTRES

DE BRUXELLES.

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TOME VI.

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BRUXELLES,

M. HAYEZ, IMPRIMEUR DE L’ACADÉMIE ROYALE.

MÉMOIRE

SUR LES CHANGEMENS QUE LA COTE

D’ANVERS A BOULOGNE

A SUBIS, TANT A L’INTÉRIEUR QU’A L’EXTÉRIEUR ,

DEPUIS LA CONQUÊTE DE CÉSAR JUSQU’A NOS JOURS,

PAR M. BELPAIRE,

ANCIEN ÉLÈVE DE L’ÉCOLE POLYTECHNIQUE.

Vidi ego, quod fuerat quondam solidissima tellus, Essefretum. Vidi factas ex æquore terras.

Ovid. Metamorph. , lib. xv.

BRUXELLES,

M. II AYEZ, IMPRIMEUR DE L’ACADÉMIE ROYALE.

INTRODUCTION .

La détermination des changemens que la terre a éprouvés est un sujet si intéressant , qu'il n’est point surprenant de le voir exciter la curiosité générale. Quoi , en effet , de plus philosophique que de chercher à connaître ce globe sur le¬ quel nous sommes placés , que de lire dans sa structure ce qu’il était dans les temps antérieurs , et de parvenir , par ce moyen, à la connaissance d’époques qui ont précédé l’histoire , et même la création de l'homme ! Des bornes étroites circonscrivent , à la vérité , ces investigations ; mais même le peu qu’il nous est permis de connaître des œuvres de la création nous en donne une idée si sublime, que nous nous sentons poussés par un désir toujours croissant à étendre nos connaissances en ce genre. La persévérance de l’homme , et la force de son esprit , qui lui permet de tirer de faits connus des inductions propres à lui faire juger avec quelque certitude de faits inconnus , l’ont déjà con-

4

INTRODUCTION.

duit à de précieuses mérités en cette matière, comme en tant d’autres , et donnent lieu d’espérer qu’elles lui en feront découvrir de bien plus importantes encore.

Il n’entre pas dans notre sujet de traiter des hautes ques¬ tions géologiques : notre tâche se borne à déterminer les révolutions éprouvées par une étendue de cote fort bornée ; mais telle qu’elle est , elle ne se trouve point sans difficultés , et nous n’osons espérer de la remplir entièrement. Beau¬ coup d’hommes de mérite se sont occupés du même sujet, et il est difficile de dire quelque chose de neuf après eux ; cependant , comme la plupart n ont consulte que des écrits et des cartes, sans faire usage des observations que l’inspec¬ tion des lieux fournit, nous avons pensé qu’en nous atta¬ chant principalement à ces observations , nous parviendrions à des résultats qui ne seraient point sans intérêt.

Il faut , sans doute , consulter tous , ou presque tous les auteurs qui ont écrit sur la même matière , chercher dans les vieilles chroniques et les anciennes Chartres les phra¬ ses et les mots qui peuvent procurer quelque lumière ; mais ce travail , aussi pénible qu’il est en général peu productif de bonnes indications , ne peut se séparer de 1 observation des localités. C’est en joignant les recherches géologiques et de géographie physique, aux recherches du premier genre , qu’on peut espérer et plus d agrément et plus de fruit. En liant ces recherches , nous recueillerons le double avantage de pouvoir parler avec plus d’assurance de quel¬ ques points douteux de géographie ancienne, et de faire

INTRODUCTION.

5

connaître la constitution physique des contrées dont nous aurons à traiter. Déjà, avant nous, le savant et laborieux abbé Mann avait suivi cette marche , et il nous a été bien agréable de voir nos observations confirmer celles de ce savant estimable. Heureux, si l’on trouve que notre travail n’est pas indigne du sien!

La cote dont nous aurons à nous occuper appartient en grande partie à une suite de cotes semblables qui s'é¬ tendent depuis au delà de Calais , jusqu’à l’extrémité du Jut- land. Partout , dans ce tractus , le rivage présente le même aspect : une grève d’une pente extrêmement douce , et par conséquent une mer peu profonde , parsemée de bancs ; des dunes plus ou moins élevées , plus ou moins larges , sépa¬ rant la mer de l’intérieur des terres 3 nulle part , le moindre vestige de rochers. Dans l’intérieur, et jusqu’à une distance plus ou moins grande des dunes , on rencontre , sur toute cette étendue, un pays de plaines presque entièrement plan , présentant partout des indices évidens du séjour de la mer, et en beaucoup d’endroits les preuves d’invasions récentes. Fort peu d’arbres s’offrent à la vue sur la partie la plus voisine de la mer 5 mais en revanche , on y trouve généralement de la tourbe , qui supplée au manque de bois de chauffage.

La cote occidentale et septentrionale du grand bailliage d’Aalborg, le plus septentrional du Jutland, est formée par une lisière de dunes larges d’une à quatre lieues. Derrière ces dunes , dans la partie occidentale , il règne une bande

6

INTRODUCTION.

de terrains de bruyères et de marais ('). On y trouve un grand nombre de lacs 5 presque tout le ci-devant Vend- Syssel ne forme qu’un marais couvert de beaucoup de petites élévations (2). Le diocèse d’Aarhuns , au sud de celui d’Aalborg, offre également beaucoup de bruyères et de tourbe. Le bois y est tout aussi rare. On y voit partout de magnifiques prairies (3) 5 ce qui annonce un sol vaseux, pro¬ duit sans doute par des inondations.

Le Holstein , les côtes du Hanovre , celles des provinces septentrionales des Pays-Bas , offrent les mêmes caractères t <les lacs , des marais , ou des indices de marais ayant an¬ ciennement existé 5 peu d’arbres et beaucoup de tourbières. ic La Basse- Allemagne , » dit M. Coquebert de Montbret , dans un Mémoire rapporté à l’article Holstein , de l’Ency¬ clopédie méthodique, Dictionnaire de géographie physi¬ que, a est une vaste plaine de sable qui s’étend depuis le pied des montagnes du Hartz, jusqu’à la mer, dans une largeur de quarante à cinquante lieues... Toute cette éten¬ due de pays est à peu près de même nature... Le sol y est marécageux , faute de pente pour écouler les eaux que l’humidité du climat y amasse une grande partie de l’an¬ née 5 circonstance qui a produit beaucoup de fonds de

(‘) Nouvelles Annales des Voyages de M. Malte-Brun. De'cembre 1823. (») Dict. Géog. Univ. Paris 1823 , art. Aalborg,

(s) Ibid. art. Aarhuns.

INTRODUCTION.

7

tourbières, les unes déjà desséchées par la nature, et les autres qui pourraient l’être, v

L’Amstelland est entièrement bas et marécageux. On n'y voit que des tourbières ou des pâturages : les tourbières , après qu'on en a extrait la tourbe, forment des marais et des lacs $ et les pâturages ne sont affranchis d'eau qu’au moyen de digues et de moulins à épuisement. Les branches innombrables du Rliin7 die la Meuse et de l’Escaut , font assez connaître que la contrée que ces fleuves arrosent près de leurs embouchures, n'est point plus élevée. Au delà de l’Escaut, jusqu’au Cap Blanez, les mêmes circon¬ stances se présentent. L’on compte, dit l’abbé Mann (*) que dans la seule Flandre française , il y a plus de cent mille arpens de terre , et des plus riches de toute la France, dont le niveau est au-dessous des hautes marées. Les rues d’Ostende , suivant le même auteur , ne sont que d'environ un pied au-dessus des plus hautes marées de vives eaux ; celles de Dunkerque et de Gravelines sont près de trois pieds , et celles de Calais près de cinq pieds au-dessus de ces mêmes marées. Les plus hauts points de cette vaste et riche plaine de Calais, Dunkerque et St-Omer , atteignent à peine , et dans les seuls environs de Bourbourg , la surface des grandes marées des syzygies

(■) Mém. de l’abbé Mann , inséré aux Mém. de l’Académie de Bruxelles , tom. Ier , pag. i43.

8

INTRODUCTION.

et les terres les plus élevées, vers Gravelines, Dunkerque et Fûmes, sont ordinairement de trois pieds plus basses que le niveau de ces mêmes marées.

Les plus hautes terres du Bas-Calaisis sont à quatre pieds et demi au-dessus de ce niveau , et celles qui sont le long de la rivière de l’Aa , de près de cinq pieds. Les basses terres du Calaisis , celles des environs de Bergues , et quel¬ ques-unes de l’ancienne châtellenie de Fûmes, aux envi¬ rons de Loo, au fort de Knôck et à Merkhem, sont à huit et neuf pieds au-dessous des hautes marées de vives eaux. Celles aux environs d’Uxem sont d’un pied encore plus basses. Enfin , les moëres sont d’environ treize pieds au-dessous des hautes marées (I).

D’après un nivellement , pris le 7 mai 1816, les eaux des fossés qui bordent les terres près du village de Stalhille , en¬ tre Ostende et Bruges , étaient d’environ deux mètres plus basses que les eaux du canal , et de deux mètres trois quarts plus basses que le niveau des marées ordinaires des pleines ou nouvelles lunes. Il faut diminuer ce résultat d’environ un mètre pour avoir la surface du sol, qui n’en reste pas moins au-dessous du niveau delà haute maree. Les poldres , dans les environs d’Ostende, sont un peu plus élevés 5 mais ils dépassent à peine , et beaucoup n’atteignent même pas la hauteur des marées des syzygies.

(1) Ibid. p. 144.

INTRODUCTION.

9

Toute cette étendue de plaines est essentiellement com¬ posée d’un terrain sablonneux. Nous avons vu déjà que la Basse- Allemagne était ainsi constituée ; il en est de même du Jutland(1), de la province d’Over-Yssel , de celle du Brabant septentrional , d’Anvers , des deux Flandres $ et les départemens du Nord et du Pas-de-Calais, en France, présentent la continuation de ce terrain. Ces plaines sont bornées Vers l’intérieur , et à des distances variables de la mer, par un terrain onduleux plus ou moins élevé, d’une nature différente, et interrompu de distance en distance par les vallées des fleuves qui portent leurs eaux de ce côté.

Nous ne connaissons que trois fouilles importantes, faites dans cette étendue. Elles ont eu lieu à Amsterdam , à Dunkerque et à Calais , dans la vue de procurer de l’eau potable à chacune de ces villes , sans que l’on ait réussi. Le puits d’Amsterdam fut commencé le 16 juillet i6o5, et fut poussé jusqu’à la profondeur de 2 32 pieds. On trouva dans cette fouille , suivant Des Roches (2) :

Terre végétale , ou terre de jardin .... 7 piel"

Tourbe . 9

Glaise molle . 9

Arène . 8

A REPORTER . 33 * (*)

(') Mém. cité de M. de Montbret.

(*) Histoire anc. des Pays-Bas, p. 19.

,o INTRODUCTION.

Report . 33 pied1'

Terre . 4

Argile . i °

Terre . . 4

Arène (") .

Argile bleue . a

Sable blanc. . . 4

Terre sèche . 5

Terre molle . i

Arène . i4

Arène mêlée d’argile . 5

Arène mêlée de coquilles marines et de poils

ou de crin (liaar en zeeschelpen ) . 4

Glaise mêlée en quelques endroits de poils

d’animaux et coquilles marines . 36

Glaise sans mélange . 66

Sable mêlé de petits cailloux . 5

Et enfin sable sans mélange . 29

Total . a32

La fouille faite à Dunkerque a produit un premier ordre de couches très-diversifiées entre elles , et formées d’un mélange confus de terres ou de sables de plusieurs sortes , entre-mêlés de cailloux , de silex , de grès et autres

(') C’est sur cette couche de sable qu’est fondée la ville , au moyen de pi¬ lotis que l’on enfonce jusque là.

INTRODUCTION.

T t

substances ; et de fragmens de craie , rompus et usés par le frottement du roulis , ainsi qu’un grand amas de débris de végétaux , tels que des tronçons de chênes 5 ou des corps d’animaux , tels que les coquilles en partie dans leur état naturel , tirés les uns et les autres à peu près à la profon¬ deur de cent pieds. Toutes ces couches ont ensemble cent cinq pieds. Au dessous commence un autre ordre de cou¬ ches. On n’y a plus trouvé aucun corps étranger minerai, végétal ou animal. On n’y distingue, à proprement par¬ ler, qu’un seul banc de deux cents pieds d’épaisseur, presqu’homogène , formée d’une argile brune d’un grain extrêmement fin et doux dont certaines parties pétrifiées forment des noyaux extrêmement durs , approchant de la nature du silex, et en tout conformes à ceux qui se rencontrent dans les bancs argileux des mines de charbon du Hainaut (*).

Le puits de Calais fut creusé en 18215 les couches de terres y ont été trouvées comme suit :

Déblais , terres rapportées.

Sable mouvant .

Sable gras ou terre glaise. .

Marne blanche .

Ou

5mèt'

36

23

5i

1 1

^ mètres.

(■) Eneyc. méth. Dict. de géog. phys. , art. Dunkerque , p. 690. (a) Note communiquée par M. Pigault de Beaupré , de Calais.

INTRODUCTION.

1 1

Il règne dans ce bassin maritime , le long des côtes et des fleuves , une couche de glaise blanche plus ou moins épaisse et extrêmement productive , que l’on désigne sous le nom de marches dans le Holstein et la Basse- Allemagne , de pol- dres dans les Pays-Bas et de salines dans les départemens du Nord et du Pas-de-Calais. Sous cette couche se trouve presque toujours de la tourbe , dont le banc a ordinaire¬ ment de 3 et 4 pieds jusqu’à i5 et 16 pieds d’épaisseur j au dessous on trouve de la glaise bleue et ensuite le sable.

Une autre particularité remarquable , c’est la grande quantité d’arbres fossiles que Ton découvre dans tout ce bassin. On les trouve non-seulement dans les tourbières de la Basse- Allemagne (') et les provinces de Frise, de Hollande ,, de Zélande et de la Flandre , mais encore dans les sables de la Campine (a) et dans les environs de Dun¬ kerque.

La surface presque entièrement plane du bassin dont nous nous occupons , le sable blanc dont il est composé , les coquillages que l’on y découvre , rendent ce bassin si semblable au fond actuel de la mer qui le borde , que l’on ne peut douter que la mer n’ait, dans des temps antérieurs, mais pourtant assez récens , par rapport aux grandes révo-

(') Mém. cité de M. de Montbret.

(a) Smallegang, Chron. van Zeel. , p. 6 et suiv.

INTRODUCTION.

1 3

lutions du globe, couvert toute cette partie du continent. Les arbres fossiles qui s’y trouvent sont une autre preuve de ce séjour : les fleuves les auront portés à la mer , qui les aura ensuite rabattus sur la cote. Les fleuves de l’Amé¬ rique transportent de cette manière, encore aujourd’hui, une multitude d’arbres f qui souvent en interrompent la navigation. Dans les temps l’Europe n’était pas plus civilisée que l’Amérique ; et qu’elle était tout aussi boisée , nos fleuves , surtout ceux qui , comme le Rhin sortent de l’Allemagne , devaient présenter le même fait.

M. Desmarets (*), en attribuant, comme nous, ces ar¬ bres fossiles au transport des fleuves, pense qu’ils y ont été apportés depuis la retraite de la mer et pendant les inondations des fleuves. S’il peut avoir raison, relative¬ ment à ceux de ces arbres qui se rencontrent dans les par¬ ties basses de la côte et au milieu des vases, il en est autrement de ceux qui se trouvent dans les parties moins basses , qui comme l’a observé Eyndius (2) , n’étaient pas exposées aux débordemens des rivières. Ceux-là y ont évidemment été transportés pendant que la mer couvrait tout le pays.

Nous ne nous arrêterons pas à réfuter l’opinion de ceux qui pensent que ces arbres ont été renversés et enfouis par

(') Encyc. méth. Géog. phys. , art. Arbres fossiles, p. 723. (2) Voy. Smallegang, p. 6.

INTRODUCTION.

>4

quelque débordement considérable de la mer , comme leur paraît avoir été ce qu’ils nomment le déluge cimbrique. Déjà cette question a été traitée , par plusieurs savans , de manière à ne plus laisser aucun doute (’), et Ton doit généralement convenir aujourd’hui que , quant au déluge cimbrique , il n’a été qu’un de ces debordemens depuis lors si souvent renouvelés sur ces côtes.

Ces débordemens de la mer ont produit , il est vrai , de très -grands changemens ; mais leur effet ne s’est jamais étendu jusqu’aux limites de la plaine sablonneuse. La Cher- sonèse cimbrique actuellement le Jutland , diminuée de plus de moitié depuis que les Romains l’ont connue 5 les îles de la Frise autrefois attachées au continent 5 les ruines que l’on retrouve sur la plage , et parmi lesquelles les plus remarquables sont celles du château de Britten 5 1 agrandis¬ sement du lac Flevo , et sa transformation dans le Zuiderzee 5 la formation du Dollaert et du Lauwerzée; l’élargissement des bouches de l’Escaut et peut-être la formation de nou¬ veaux bras 5 et enfin la disparition de beaucoup de villages , le long de la côte , tout dénote qu’autrefois , comme encore aujourd’hui, la mer a triomphé des digues que la nature ou l’art avaient opposées à sa violence. Mais n exagérons point ses effets , et n’accordons point au deluge cimbrique une importance telle , que , si elle était reelle , aucun habitant de ces contrées n’aurait survécu , et que la migration de plu-

(I) Voyez l’art, cité de l’Encyclopédie 5 T)es Roches, et auties.

INTRODUCTION.

1 5

sieurs centaines de mille hommes qui suivit cette inonda¬ tion eût été impossible.

Les bords de la mer changent brusquement de nature à l’un et l’autre bout du bassin dont nous nous occupons. Tandis que la cote est basse et sablonneuse, et que l’on ne voit aucune apparence de rochers depuis le bas du Blanez jusqu'au cap Schagen, on ne trouve que falaises et rochers au delà des extrémités de cette ligne. Dans le Boulonnais , les roches sont généralement calcaires 5 mais dans la Nor- wège , elles présentent partout le granit le plus dur. La nature calcaire des premières les expose aux atteintes con¬ tinuelles des flots qui changent constamment la disposition de ces côtes.

Ce sont ces changemens , et ceux survenus sur une partie des côtes du bassin dont nous venons de donner une idée sommaire , que nous nous proposons de décrire dans ce Mé¬ moire. Afin d’y apporter plus de méthode , nous le divise¬ rons en chapitres. Dans le premier , nous décrirons l’état de ces côtes sous la domination des Romains 5 dans le second , nous entrerons dans les détails nécessaires pour établir avec exactitude leur état actuel 5 dans le troisième , nous ferons connaître les causes des changemens survenus sur ces mêmes côtes 5 nous rapporterons dans le quatrième les preuves qui établissent la réalité des causes assignées dans le pré¬ cédent ; les inondations qui ont eu lieu sur ces côtes , feront l'objet du cinquième 5 les sixième, septième , huitième et neuvième , serviront à consigner en détail les changemens

i6

INTRODUCTION.

quelles ont produits 5 enfin , dans le dixième , nous traite¬ rons de la position de quelques ports mentionnés par les anciens.

MÉMOIRE

SUR LES CHANGEMENS QUE LA COTE

D’ANVERS A BOULOGNE

A SUBIS, TANT A L’INTÉRIEUR QU’A L’EXTÉRIEUR,

DEPUIS LA CONQUÊTE DE CÉSAR JUSQU’A NOS JOURS.

CHAPITRE PREMIER.

État ancien des côtes , depuis Anvers jusqu'à

Boulogne.

La Belgica et la Germania étaient presqu’entièrement inconnues aux anciens, avant que César et ses successeurs y eussent conduit les légions romaines. Ce n’est pas que les peuples qui bordaient la Méditerranée n’eussent des com¬ munications avec ceux du septentrion de l’Europe 5 mais ces communications , rares et simplement mercantiles étaient peu propres à procurer des notions étendues sur l’histoire des nations qui habitaient ces contrées, sur la situation géographique de leur pays , et sur les révolutions physiques de leurs côtes. Eratosthène, qui vivait 25o ans avant l’ère

3

SUR LES CHANGEMENS

18

chrétienne , ne connaissait les côtes de l’Europe au delà des colonnes dTIercule , que par le récit du Marseillais Pythéas, qui disait avoir parcouru tous les pays maritimes de l’Europe, depuis le Tanaïs jusqu’à Thule , sous le cercle polaire.

Les guerres et la domination des Romains dans les Gaules et la Germanie, répandirent un jour tout nouveau sur ces contrées^ et donnèrent naissance à plusieurs ouvrages conte¬ nant des détails sur la géographie de ces régions et sur les peuples qui les habitaient. Les Commentaires de César, le récit des voyages de Pline le naturaliste, la Geivnania de Tacite , la géographie de Strabon , celle de Ptolémée , les écrits historiques des Dion Cassius , des Ammien Marcellin , des Aurelius Victor et autres, sont des monumens précieux pour ceux qui veulent rechercher l’ancien état de ces pays. /

Toutefois , ces ouvrages ne répondent pas d’une manière tout - à - fait satisfaisante à l’attente de ceux qui les con¬ sultent , et ce qu’ils disent est rarement assez précis pour qu’on puisse en tirer des conclusions certaines. César , par exemple , est fort occupé à décrire ses batailles , et c’était son principal objet 5 mais il se met fort peu en peine de faire connaître d’une manière circonstanciée les pays qu’il par¬ court , ou de fixer leur position ; ou , s’il dit quelques mots de la géographie physique de ces pays, c’est lorsque cela devient nécessaire à sa situation ou à celle de l’ennemi. En un mot , César écrit en guerrier et non en géographe. Les ouvrages de Pline et de Tacite contiennent plus de détails $

DE LA COTE, D’ANVERS A BOULOGNE.

*9

mais ils sont pourtant encore bien obscurs , lorsqu’il s’agit d’en tirer la position exacte de certains points de géographie ancienne.

Aussi est-ce une entreprise fort difficile et d’un succès fort incertain , que celle de débrouiller dans les écrits an¬ ciens la situation géographique des peuples et des villes par eux décrits. La plus grande discordance règne pour l’ordi¬ naire entre les savans sur cette matière; et si aujourd’hui on paraît plus d’accord sur beaucoup de points douteux , c’est souvent moins à cause des lumières répandues sur ces points , que parce que , fatigué de ces recherches si peu pro¬ ductives , on s’abandonne davantage à l’opinion de quelques hommes supérieurs , que l’on suppose avoir fait tout ce qu’il était possible de faire avec des données aussi peu satisfai¬ santes.

Nous n’avons point, heureusement, à nous occuper de discussions de ce genre; quoique l’on ne soit pas d’accord sur les limites qui , du temps des Romains , séparaient les peuples habitans des cotes qui font l’objet de ce Mémoire, on con¬ vient pourtant généralement que , sous la domination ro¬ maine ou du moins pendant une partie de ce temps, ces côtes étaient habitées soit par les JMorins , soit par les Mé- napiens , soit par ces deux peuples conjointement. Or, les anciens nous représentent le pays de ces peuples comme se ressemblant et étant rempli de marais et de forêts.

César dit , dans ses Commentaires , qu’ayant pacifié toute la Gaule, à l’exception des Morins et des Ménapiens, les

ao

SUR LES CHANGEMENS

seuls qui ne lui eussent jamais envoyé faire aucune propo¬ sition de paix , il marcha contre eux , espérant pouvoir finir cette guerre avant l’iiiver , quoique l’été fût déjà fort avancé 5 mais ces peuples s’y prirent différemment des autres Gau¬ lois pour lui résister 5 car leur pays étant plein de forêts et de marais ( continentes silvas ac paludesf ils s’y reti¬ rèrent avec tout ce qu'ils avaient. César , parvenu à l’entrée de ces forêts , travailla à y faire percer un chemin 5 mais malgré l'incroyable célérité avec laquelle on avançait, ce travail ne put être terminé avant l’arrivée des pluies d’hi¬ ver, qui ne permirent pas à ses gens de demeurer plus longtemps sous leurs tentes (r).

Plus loin (2) , César rapporte que l’année suivante , à son retour de la Bretagne , il envoya Labienus , son lieutenant , contre les Morins , et que les marais , ils s'étaient retirés l’année précédente, ne pouvant alors les garantir, parce qu’ils étaient à sec , Labienus les fit presque tous prison¬ niers. Il ajoute que Titurius et Cotta, deux autres de ses lieutenans , qui avaient porté la guerre chez les Ménapiens retournèrent avec leurs légions, après avoir brûlé et saccagé leurs campagnes et tous leurs pays, parce que ce peuple s’etait retiré dans les forêts les plus épaisses.

Ailleurs (3) il dit encore que les Ménapiens , voisins des

(') Cæs. de Bell. Gall. , 1. 4 > c. 28.

(2) Ibid. , 1. 4 , c. 38.

(3) Ibid. , 1. 6 , c. 5.

DE LA COTE, D’ANVERS A BOULOGNE. ai

Eburons , étaient défendus par de grandes forêts et de grands marais (i perpetuis plaudibus silvisque muniti ) , à une nouvelle approche de César , ils se retirèrent avec tout ce qu’ils avaient (in silo a s paludesque confugiunt, suaque eodem conferunt ). Cette fois , les troupes romaines parvin¬ rent jusqu’à eux, leur enlevèrent beaucoup dfliommes et de bestiaux , et réduisirent ce peuple à demander la paix.

Strabon, au livre iv de sa géographie, dit que dans le pays des Morins et dans celui des Ménapiens , leurs voisins , le ciel est obscurci pendant la plus grande partie du jour, même dans les temps calmes et sereins , et que l’on n’y voit ordinairement le soleil briller que pendant trois à quatre heures vers le midi , ce qui ne peut convenir qu’à un pays entièrement humide et couvert de brouillards , en un mot , à un pays de forêts et de marais.

Outre ces forêts et ces marais , les Ménapiens ou les Mo¬ rins avaient encore des îles ils pouvaient également se réfugier. C’est ce qu’on peut inférer de ce que César , par¬ lant des Eburons proscrits , qu’il indique comme voisins des Ménapiens , dit que ceux qui étaient près de l’Océan , se cachèrent dans les îles que la mer formait dans son flux (') {qui proximi Oceano fuerunt , ii in insulis se se occul- taverunt , quas cestus ejficere consuerunf. Nous examine¬ rons plus tard ce que pouvaient être ces îles.

Tel était l’état de ce pays, lors de l’invasion romaine,

(') Cæs. de Bell. Gall. , 1. 6, c. 3i.

22

SUR LES CHANGEMENS

comme le prouvent encore les autres historiens anciens qui ont parlé des guerres que les Romains y ont eues. Ammien Marcellin (’) dit que César, après une guerre meurtrière de dix ans, selon le témoignage de Salluste, a joint à la ré¬ publique romaine par un pacte éternel,, toutes les Gaules , à l’exception de celles qui étaient inaccessibles par les marais ( omnes G allia s , nisi c/uœ paludibus invice fuere , ut Sallustio docetur auctore , post décennales belli mutuas clades } Cœsar societati nostrœ fœderibus junxit cetemis').

Dion Cassius (2) , en rapportant la première expédition de César contre les Morins et les Ménapiens , s’exprime ainsi : a II tourna alors ses armes contre les Morins et leurs voisins les Ménapiens s’imaginant que le bruit de ses con¬ quêtes aurait tellement jeté la terreur parmi eux, qu'il les eût soumis sans difficulté. Il ne put cependant s’emparer d’aucun de leurs cantons; car ces peuples ne demeurant point dans des villes , mais dans des chaumières , cachèrent leurs effets les plus précieux dans les forêts épaisses de leurs montagnes , et nuisirent plus aux armées romaines qu’ils n’en souffrirent. César essaya de percer jusqu’à ces retraites, en faisant abattre les forêts; mais considérant leur immense étendue , et voyant approcher l’hiver , il désespéra d’en ve¬ nir à bout, et renonça à son entreprise. » ( Ipse ( Cœsar )

{>) Ammianus Marcellinus , 1. i5.

(2) Dio Cassius, edit. Reimari. , Hamb. i^o, tom. i , 1. 3g, cap. 44 » pag. 2i 3.

DE LA COTE, D’ANVERS A BOULOGNE.

23

postea in Morinos eorumque finitimos Menapios arma convertit : quos et rerum egestdrum fama territurum se et non magno cum negocio debellaturum arbitrabatur. Nullam tamen eorum partem subegit. Nam illi } quia non in urbibus , sed in tuguriis habitabant , rebus suis pretiosissimis in densissimas montium sïlvas colla- tis , plus damni invadentibus Romanis intulerunt , quam ab iis acceperunt. Cogitabat quidem Cœsar ad ipsos montes } silva succisa , subire : sed ab eorum magni- tudinem , ac quod hiems jam suberat desperata re , destitit .)

Ces montagnes , dans le pays des Morins , ont embarrassé Nredius. Au Heu de densissimas montium silvas , il veut qu’on lise : in paludes densissimis silvis obsitas , et ad ipsas paludes au lieu de ad ipsos montes , et de Bast (l) trouve cela plus conforme aux Commentaires de César et au sol des Morins et des Ménapiens. Quant à nous, qui sommes convaincus qu’il n’y avait point de forêts dans les marais , nous ne partageons pas l’opinion que la correction soit nécessaire. Nous ne voyons pas de difficulté à laisser subsister le passage de Dion Cassius tel qu’il se trouve. Cé¬ sar, suivant Des Roches (2), a attaqué les Morins, dans l’expédition dont il s’agit , du côté de Hesdin et de Sl-Paul.

(■) De Bast, Antq. rom. etgaul., etc. , introduction. (a) Des Roches, Hist. anc. des Pays-Bas , p. 3i6.

SUR LES CHANGEMENS

5-4

Or , il y a de ce côté un assez bon nombre de petites mon¬ tagnes , la plupart encore entièrement recouvertes de bois , et il est très-apparent que c’est de celles-là que Dion a en¬ tendu parler. César a fort bien pu ne pas en faire mention , parce que ces montagnes ne sont pas d’une hauteur remar¬ quable, et qu’elles n’étaient pas de nature à ajouter quelque chose à la défense de ce peuple , qui se contentait de se ca¬ cher dans l’épaisseur des bois sans se faire aucun retranche¬ ment.

Un pays aussi couvert de forêts et de marais ne devait être ni très-peuplé , ni beaucoup cultivé. Aussi avons-nous déjà vu que d’après Dion, les Morins et les Ménapiens n’a¬ vaient point de villes , mais habitaient des chaumières. se trouvaient, suivant Des Roches (*), ces champs déserts , ces cuva vacua , dont les auteurs latins font quelquefois men¬ tion, qui semblent avoir été à la disposition du premier occupant ou que les empereurs romains distribuaient aux restes des peuples vaincus par eux en Germanie , et aux sol¬ dats vétérans dont ils voulaient récompenser les services. Au reste , comme l’observe encore Des Roches (2) , il faut supposer que l’assertion de Dion regarde les Morins du temps de César , dont il rapporte l’expédition contre ces peuples , et non pas ceux du temps de l’auteur, qui vivait au troisième

(■) Des Roches, Hist. ane. des Pays-Bas, p. 17. (J) Ibid, p. 100.

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siècle , sans quoi celui-ci serait en contradiction avec Ptolé- mée , plus ancien que lui , qui, décrivant la Gaule Belgique de son temps , c’est-à-dire , du second siècle de notre ère , attribue aux Morins la ville de T eruenna , qu’il appelle dis¬ tinctement mhç , urbs: (') ville , et le port de Gessoriacum, qu'il appelle ctixssx, nom qui ne convient qu’à un port for¬ mant en même temps une ville.

Nous venons de nommer T eruenna et le port de Gesso¬ riacum , comme s’étant trouvés dans le pays des Morins il faut y ajouter, comme ayant aussi fait partie de ce ter¬ ritoire pendant la domination romaine, YIccius Portus , Vulterior Portus , Lutto magus , Adrallia , Minariacum , Castellum Morinorum et peut-être Marci.

Excepté T eruenna qui est évidemment Terouenne, détruite par Charles-Quint , et Castellum qui paraît bien convenir à Cassel, la position des autres lieux n’est rien moins que certaine. Nous reviendrons plus tard sur ce sujet.

Quant aux fleuves et rivières qui arrosent ces contrées , les anciens ne nous en disent presque rien. César nous parle à peine de l’Escaut , qu’il dit se jeter dans la Meuse (2). Ce passage de César , a paru à quelques personnes contenir une erreur, qu’elles attribuent à ce que ce général n’a jamais

(■) Ptolemæus ,1.2, cap. 9.

.{’) De Bel. Gai. , 1. 6 , cap. 33.

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SUR LES CHANGEMENS

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parcouru le pays l’Escaut a son embouchure. D’autres croient au contraire que cette indication de César est exacte, et que l’Escaut se rendait à la Meuse par Berg-op-Zoom et Tolen ; c’est aussi notre opinion.

Ptolémée (‘) parle encore de Tabuda , fleuve dont il place l’embouchure à l’est de Gessoriacum navale ou Boulogne. La plupart des savans voient dans le Tabudœ Jluvii ostia, l’embouchure de l’Escaut; mais tout le monde n'est pas d’accord à cet égard, et l’auteur d’un Mémoire sur l’arron¬ dissement de Boulogne , M. Henry , pense que le T abuda , est la rivière d’Aa.

CHAPITRE DEUXIÈME.

État actuel des Côtes entre Anvers et Boulogne.

Les pays autrefois habités par les Morins et les Ména- piens , ont bien changé d’aspect depuis les Romains. La plus grande partie de ces vastes forêts , dont nous avons parle dans le chapitre précédent , a été dans la suite des siècles , convertie en champs labourables , de manière qu'on n’en voit plus que les restes dans les bois de Nièpe , dans ceux

(1) Claudius Ptolemaeus de Gallia, cap. g, édit. Lugd. Batav. , 1618.

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de Boulogne, et dans ceux qui occupent les environs d’Ypres et de Poperingue, deThounout et de Bruges. Que ce soient véritablement les restes de ces forêts , c’est ce dont on ne peut douter lorsque, jetant les yeux sur une carte topo¬ graphique de ces contrées, on remarque que ces bois for¬ ment encore aujourd’hui une zone en-de-çà et au-de-là des montagnes dont parle Dion Cassius , dans le passage que nous avons rajrporté au chapitre précédent, et qui par se trouve en quelque sorte confirmé.

Quant aux marais que les anciens ont trouvés dans ces pays, ils ont également disparu en grande partie. On n’en voit plus guère que dans les départemens du Nord et du Pas-de-Calais , du côté de Bergues , de Bourbourg , de Saint- Omer et d’Aire. Que sont devenus tous les autres? quel¬ ques-uns se sont desséchés , ou ont été desséchés par la main des hommes (*); mais le plus grand nombre a eu un autre sort , ainsi que nous le verrons bientôt. Occupons-nous pour le moment de décrire plus particulièrement l’état ac¬ tuel des bords de la mer de ces mêmes pays.

En parcourant le voisinage de l’Escaut , depuis au-dessus

(‘) Mirœus , Oper. Diplom. , tom. i , cap. 65, pag. 186, rapporte un di¬ plôme de Philippe d’Alsace de l’an 1 169 , il est dit entre autres : Inter TVa- lenes et Bourbourg , palus quœdarn limurn inaccessibilem spatiosa lalitudine dijfundebat , et usibus sese denegabat humanis. Hujus limosœ paludis illuviem feci sumplibus propriis , cum expensa multi sudoris , exhauriri , et ex ea sta¬ tuai commodioris natures quasi violenter extorquens , in terrain frugiferam transformavi.

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SUR LES CJIAJNGEMENS

d’Anvers jusqu’à son embouchure, et puis le voisinage de la côte, depuis cette embouchure jusque vers les hauteurs du Blanez, on trouve partout une couche plus ou moins épaisse de terre glaise ou vase grise, contrastant d’une ma¬ nière remarquable avec le sol environnant, qui, comme nous bavons dit, est presque partout très-sablonneux.

Les dunes de la mer forment l’une des limites de cette bande de glaise. L’autre limite commence vers la Tête-de- Flandre, vis-à-vis d’Anvers, parcourt les bords du fleuve jusque vers le fort Calloo 5 de elle passe en-de-çà de Hulst vers Koewacht, Overslag et Selsaet, près du Sas-de-Gand. Elle se dirige ensuite sur Assenede, Bouchoute, S*.-Lau- reyns , Ardenbourg , Middelbourg , Damme , Houthave , Stalhille 5 traverse le canal de Bruges à Ostende , près de ce dernier village ; passe à Ettelghem , Oudenbourg , Westkerk , Ghistelles , la couche de glaise s’étend dans un petit golfe terrestre dirigé de l’ouest à Test , entre ce dernier endroit et Eerneghem. Après cela la ligne de démarcation revient sur Zevecole, Zande, Leke, Keyem, Beerst et Dixmude; mais avant d’arriver à Dixmude , la couche de glaise s'étend de nouveau dans un golfe terrestre assez profond , ayant la même direction que le premier, et dont les bords élevés, par¬ tant de Beerst, passent à Yladsloo, Bovenkerke, Werken, Handsame, Zarren, Eessene et Dixmude. C’est le bassin d’une petite rivière que l’on voit figurée dans les cartes de Sanderus, et qui prend sa source près d’IIooglede.

Au-de-là de Dixmude , la limite que nous suivons rentre

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de nouveau jusque vers Women et Merkem, et ressort vers Knocke et Loo. De elle se dirige vers Oeren , suit le canal de Loo jusqu’à quelque distance de Fûmes; passe au canal de la Colme, qu’elle longe d’assez près jusque vers les hauteurs qui bordent le bassin de FAa et qui vont se terminer au Blanez.

Cette bande glaiseuse comprend, entre Fûmes et Dun¬ kerque, les moeres dont, nous parlerons plus tard; elle est d'ailleurs dentelée par les inégalités du terrain sablonneux, ainsi qu’on l’a déjà remarqué pour les golfes de Gliistelles et de Dixmude, et l’on observe un effet contraire à partir de Loo , d’où la limite que nous avons décrite va brusque¬ ment se diriger sur Fûmes, en se rapprochant considéra¬ blement de la mer. Du côté de la mer , les mêmes circon¬ stances se font remarquer. Il existe au village de Clemskerke , entre Ostende et Blankenberg , un petit plateau de sable